Article #6 - Et si l'âge masquait les manques ?
Il est en CM2, il sait forcément faire...
🎒 On le croit capable.
Parce qu’il est en 5e.
Parce qu’il lit bien.
Parce qu’il ne se plaint pas.
Parce qu’il a passé toutes ses classes, sans que rien ne soit jamais vraiment pointé.
Alors on suppose qu’il maîtrise ce qu’on attend de lui.
Qu’il a acquis toutes les bases, toutes les méthodes.
Qu’il est équipé pour suivre, pour comprendre, pour produire.
Et on lui donne une consigne.
On lui demande une rédaction, une résolution de problème, une analyse de texte…
Et on s’étonne : il ne rend rien. Il s’égare. Il tourne autour. Il bloque. Il rend une copie hors sujet.
On pense alors qu’il n’a pas fait d’effort.
Qu’il n’a pas voulu. Qu’il s’est désengagé.
🧠 Plutôt qu’il ne veut pas, partons du principe qu’il ne sait pas comment faire.
Il ne sait pas par où commencer.
Il ne comprend pas ce qu’on attend exactement.
Il ne voit pas les étapes à poser.
Il n’a pas les outils pour s’y mettre.
Mais comme il a “l’âge pour”,
comme “les autres y arrivent”,
on suppose que lui aussi, il doit savoir.
👀 Cette supposition a un nom.
On parle de présomption de compétences.
C’est l’idée qu’à partir d’un certain âge,
d’un certain niveau scolaire,
ou d’un certain “air de savoir”…
l’élève est censé maîtriser un ensemble de compétences.
Mais on oublie de contrôler si elles sont acquises.
On oublie de se demander si elles ont été consolidées, expliquées, pratiquées.
Et surtout, on oublie que tout ce qui n’a pas été appris ne peut pas être su.
📚 L’âge n’est pas une preuve de maîtrise.
Il y a des enfants qui possèdent des compétences que certains adultes n’ont jamais développées.
Et inversement.
⚖️ Résultat : on demande trop…
… ou on demande mal.
Et quand l’apprenant n’y arrive pas,
il se sent inférieur.
Il croit que le problème, c’est lui.
Alors que son besoin, ce sont des points d’appui.
👤 Et chez les adultes ?
On croit que parce qu’on est adulte, on sait.
Ou plutôt : on se doit de savoir.
On devrait savoir gérer un conflit.
S’organiser. Communiquer avec tact.
Rester calme. Prendre du recul. Résoudre des problèmes.
Apprendre de nos erreurs.
Et parce qu’on le croit — ou qu’on le fait croire —
on ne pose plus de questions.
On n’ose plus dire :
“Je ne sais pas faire.”
"Je n'ai pas appris."
On camoufle. On compense. On prétend.
Mais l’expérience ne suffit pas à créer la compétence.
Si on ne nous a jamais appris à reconnaître et écouter nos émotions,
à nous affirmer sans blesser,
à gérer un désaccord ou une frustration,
alors on ne sait pas. Et ce n’est pas grave.
Ce qui est grave,
c’est de penser qu’on devrait savoir “parce qu’on est adulte”.
La présomption de compétence chez l’adulte,
c’est aussi cette pression intérieure qui dit :
“À mon âge, je ne devrais plus faire ça.”
“Je suis censé y arriver.”
Et on garde pour soi ses difficultés,
comme si le fait de ne pas savoir était une faiblesse.
Alors que si on osait en parler,
on découvrirait qu’on est beaucoup à vivre la même chose,
à naviguer sans repères dans des domaines qu’on n’a jamais appris à maîtriser.
Ce n’est pas une question de valeur.
Ce n’est pas un manque de volonté.
C’est juste un apprentissage qu’on n’a jamais eu l'opportunité de faire.
En parler, c’est déjà commencer.
🌱 Et maintenant ?
Si on arrêtait de présumer ?
Si on repartait des bases, des besoins, des étapes manquantes ?
Chez l’enfant comme chez l’adulte.
✔ Observer les petits signaux
✔ Demander “comment tu t’y prends ?”
✔ Donner des modèles, des exemples, des repères
✔ Aider à nommer ce qu’on fait
✔ Valoriser les stratégies, pas seulement les résultats
🌿 Parce que même ce qui semble naturel a d'abord été appris.
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